mercredi 8 avril 2015

Helldivers (sur ps4, ps vita et ps3)

Un de mes films de science-fiction préféré est Starship Troopers. Et bizarrement, je ne lui connais que deux adaptations vidéoludiques (bon, c'est déjà pas mal, diront certains, et ils n'auraient pas tort), un jeu de stratégie, réputé moyen, et un jeu de tir à la première personne, qui lui a l'air carrément nul à chier, puisque j'ai réussi à m'ennuyer devant sa bande-annonce. C'est dommage car ces deux genres se prêtent plutôt bien à ce film.

Et puis pouf, sorti de nulle part, débarque Helldivers sur les consoles de Sony, avec son univers calqué sur celui du film de Paul Verhoeven, qui annonce la couleur dès la scène d'introduction propagandiste : une Terre expansionniste et belliqueuse (qui s'appelle en toute modestie la SUPER-TERRE), qui va défourailler des espèces extra-terrestres qui ne demandaient rien à personne, sous des prétextes fallacieux au nom de la Liberté et de la Démocratie. Ca vous rappelle quelque chose? C'est normal, c'est fait exprès, et plutôt bien d'ailleurs.

Les Helldivers sont les soldats de la Super-Terre, envoyés sur des planètes hostiles pour mater les aliens qui moquent et foulent du pied (ou de n'importe quel appendice qui permet à ces sous-êtres de se déplacer) les valeurs et les idéaux démocratiques. Et si au passage la Super-Terre peut y gagner une nouvelle technologie ou du pétrole, c'est un heureux hasard.

Tous ces vaisseaux sont d'autres joueurs. On va défoncer ces pauvres aliens.

L'objectif est de conquérir la galaxie toute entière : divisée en trois (une portion pour chaque espèce extraterrestre : les Cyborgs, les Insectes et les Illuministes), on choisit dans quel système puis dans quelle planète on va se battre (ces dernières sont classées de la plus facile à la plus difficile), pour tenter d'accomplir les missions assignées, qui vont de la capture de zone à l'escorte de civil, en passant par le sabotage (les objectifs de base quoi). Plus la mission est dure, plus il y a d'objectifs, plus puissants sont les ennemis. Le jeu propose une campagne persistante : tout ce que fait chaque joueur participe à l'avancée de la conquête générale de la Super-Terre, et chaque nouvelle session offre un résumé des évènements qui se se sont déroulés durant notre absence (tel système a été vaincu, telle capitale perdue, etc.).

Chaque mission débute dans notre vaisseau. On peut y choisir la map où on va probablement mourir, notre arme principale et nos stratagèmes.

Vu de dessus, le jeu se joue comme un dual stick shooter : le stick gauche déplace le personnage, le droit vise. Sur Vita (n'ayant pas de ps4, ma ps3 étant en rade, la critique du jeu se fera sur la portable de Sony, sachez cependant qu'acheter le jeu sur n'importe laquelle de ces plateformes vous permettra d'en bénéficier sur les deux autres, que votre progression sera la même, et que, théoriquement, vous pouvez jouer avec un ami qui ne joue pas sur la même plateforme que vous), on tire avec la gâchette droite, on recharge en caressant sensuellement la partie droite du dos de la console, on lance une grenade en caressant d'un doigt tout aussi coquin la partie gauche du dos de la console, on court en appuyant sur le coin inférieur droit de l'écran tactile, bref, le jeu utilise toutes les possibilités propres à la Vita, mais surtout le fait bien et de façon naturelle (même si le rechargement et le lancer de grenade demande un certain doigté au début - oui, c'est un jeu de mot que j'ai mis en italique).

Pour les besoins de cette critique, j'ai lancé une partie tout seul et dans un mode de difficulté très facile, histoire de faire des captures d'image en toute sérénité. Ca ne m'a pas empêché de mourir.

Jusque là, tout ceci est très classique - et très efficace. Mais il faut y ajouter les Stratagèmes, des bonus que l'on choisit en début de mission. Aux nombres de quatre, ils sont à sélectionner parmi une liste assez conséquente (que l'on peut allonger en accomplissant certaines missions), et les enclencher demande un certain sang-froid : il faut appuyer sur la gâchette de gauche et entrer une combinaison de touches (du type haut-bas-bas-droite-droite-gauche). Ca n'a l'air de rien comme ça, mais dans le feu de l'action je peux vous dire que c'est assez tendu, car la moindre erreur fait recommencer la séquence du début, et quand vous avez un besoin urgent d'une caisse de munition, la moindre seconde perdue peut être cruciale. Ces stratagèmes sont assez variés, ça va de la caisse de ravitaillement à l'arme spéciale, en passant par la tourelle défensive, le mécha ou le drone de reconnaissance... Rien ne vous empêche de vous équiper quatre fois du même stratagème pour vous spécialiser (certains ne sont utilisables qu'une seule fois, pour les autres il faudra compter avec un cool-down plus ou moins long pour les utiliser à nouveau). Enchainer les missions nous rapporte de l'expérience, ce qui nous débloque des points de recherche qui permettent d'améliorer deux ou trois fois (c'est selon) armes et stratagèmes. Des échantillons de recherche sont également éparpillés sur les cartes, en ramasser dix nous offre un point à dépenser où on veut ; ainsi un mec de faible niveau peut avoir du bon matériel bien upgradé. Activer des objectifs en jeu (mettre en marche des lance-missiles ou appeler la navette de sauvetage) se fait de la même façon que les stratagèmes : avec cette combinaison de touche à effectuer. Sauf que contrairement à ces derniers, ces combinaisons sont aléatoires, histoire de rajouter une bonne couche de stress et de moiteur à vos doigt boudinés qui n'en demandaient pas tant.

Donc là par exemple j'ai balancé deux stratagèmes coup sur coup : un largage de munitions et une tourelle défensive.

Il y a autre chose. Il faut savoir que le jeu se joue en multijoueur à quatre. N'espérez même pas dépasser le troisième niveau de difficulté seul. C'est impossible. Helldivers est un jeu ultra difficile. Donc il faut jouer en ligne, avec des amis ou des inconnus, en gardant à l'esprit que le tir ami est actif. Si dans le feu de l'action vous vous laissez déborder et que par inadvertance une balle de fusil à pompe fauche un allié, vous le tuez (on a beau être des soldats de la Super-Terre, on en reste pas moins des humains assez fragiles). Et pour le faire revenir à la vie, il faut lancer le stratagème adéquat. Jouer avec des amis est un plus, pour s'organiser et définir des rôles à chacun, mais le jeu avec des inconnus reste plaisant dans l'ensemble. Je suis presque toujours tombé sur des mecs qui jouaient les objectifs, qui ressuscitaient quand je faisais de la merde (il m'arrive fréquemment de vider des chargeurs tout autour de moi sans faire de distinction entre alliés et ennemis), qui jouaient le jeu, tout simplement. Mais ne nous voilons pas la face : dans la mesure où l'espace de jeu est assez restreint (tous les joueurs sont sur le même écran, quoiqu'il arrive, et il faut composer avec les ombres étirées des ennemis pour anticiper ce qui va arriver), les tir alliés sont fréquents, et les accidents du type "se faire écraser par une caisse de ravitaillement envoyée depuis l'espace" sont monnaie courante, ils font clairement partie du gameplay et il faut composer avec. Ce qui veut dire rester concentré toute la durée de la manche, ce qui n'est vraiment pas facile. A titre personnel, au bout d'un moment, à force de rester intensivement plongé dans le jeu et à ne pas cligner des yeux, je me mets à loucher à fond (je n'ai pas une très bonne vue), ce qui fait que jouer longtemps avec moi n'est pas conseillé. Même si c'est toujours marrant de me voir échouer au dernier moment, quand je me fais écraser par la navette de secours par exemple.

Voilà. J'ai gagné une mission très facile, hourra pour moi.

Quand une civilisation alien est battue, il faut attendre la fin de la guerre galactique avant de pouvoir se battre à nouveau contre elle. A l'heure où ces lignes sont écrites, on en est à la seconde, et comme la première, je pense que les insectes vont être les premier à succomber (ce sont clairement les plus marrant à combattre, car ce sont eux qui rappellent le plus Starship Troopers. Inversement, les plus hard sont les Illuministes, ces espèces de trucs flottants qui peuvent inverser les commandes, l'horreur).

C'est là qu'on choisit les missions.

Au rang des défauts, on peut citer des explosions graphiquement pas terribles (on a du mal à se rendre compte de leur efficacité et de leur portée) et assez peu d'éléments de customisation à débloquer pour notre avatar (une cape ou un casque de temps en temps...), ce qui fait qu'on retrouve souvent le même genre de combinaisons esthétiques sur le champ de bataille. Les temps de chargement pour le lancement d'une partie sont un peu longuets également mais, dans l'ensemble, rien de grave. Helldivers reste un jeu extrêmement plaisant et fait partie des meilleures exclues Sony de ces derniers mois, alors que c'est un jeu à 20 euros en téléchargement uniquement. 

Ce qui en dit long sur l'état du jeu vidéo sur la dernière génération de consoles.