Dans une nouvelle d'Edgar Poe, je ne me rappelle plus laquelle, mais elle mettait en scène Auguste Dupin, donc il ne peut s'agir que de Double meurtre dans la Rue Morgue, La lettre volée ou bien Le Meurtre de Marie Roget, si vous avez l'occasion, lisez-les, c 'est chouette, dans une nouvelle d'Edgar Poe, donc, il y avait une discussion entre deux personnages, sur la prétendue supériorité des échecs sur les autres jeux.
Veuillez noter que ce sont là de très vagues souvenirs, qui remontent à longtemps, si ça se trouve à aucun moment un mec dit que les échecs c'est meilleur que tout. Bref, toujours est-il que ce génie de Dupin considère, lui, que le jeu le plus balèze de tous les jeux, c'est le jeu de dames. Car pour lui la maitrise des échecs vient de la connaissance du jeu, et de sa pratique assidue, alors que le jeu de dames met tous les joueurs sur un même pied d'égalité. Il y a de fortes chances pour qu'un joueur n'ayant jamais joué aux échecs se fasse méchamment latter la tronche par un adversaire connaissant le jeu, alors qu'une personne n'ayant jamais joué aux dames aura autant de chance de gagner que son adversaire, car toutes les clefs du jeu sont aux mains des joueurs, dès le début. Pour Dupin, les dames utilisent l'intelligence et la stratégie pures, quand les échecs nécessitent une pratique et une connaissance profonde du jeu pour prétendre être bon. Pour résumer, un débile pourra être très bon aux échecs et se faire élire à la tête de l'état, mais sera nul aux dames.
Je dois dire qu'à titre personnel, je suis d'accord avec Dupin. Car je ne suis pas bon aux échecs.
Aux dames non plus, si vous voulez savoir.
Je l'ai déjà dit ici, mais je suis un amant, pas un combattant. Dans les jeux, vidéo ou autres, je suis le genre de gars qui élabore des stratégie pendant des plombes, et qui au moment crucial de les mettre en place, les observe, impuissant, s'écrouler les unes après les autres, les bras ballants devant la victoire écrasante de mon adversaire.
Ce n'est pas grave, je suis bon perdant. Par contre il parait que je suis mauvais gagnant. Je ne crois pas l'être, honnêtement, mais je pense que c'est dû au fait que les rares fois où je gagne, j'ai un sourire niais vissé aux lèvres, que les gens prennent pour de l'arrogance devant la victoire. Alors que non, c'est la joie authentique, cette même joie qui me pousse après à relater à tout le monde comment j'ai gagné au jeu.
Mais je m'égare. Si je parlais au départ de Dupin, des échecs et des dames, ce n'était pas dans le seul but d'étaler ma culture littéraire, mais également pour parler d'Onitama, un jeu qui, pour moi, est à mi-chemin entre les échecs et les dames.
Très chouette boite. A l'arrière-plan, le cul du chat de ma soeur. |
L'intérieur de la boite, très classe également, où chaque élément a sa place, pour un encombrement minime, j'aime bien ça. |
Si j'ai fait une introduction aussi longue, dans laquelle je m'étale sur ma vie privée, c'est aussi pour donner du corps à cet article, car les règles du jeu sont simples et limpides, et je ne veux pas donner l'impression de me foutre de la gueule de mon lectorat en pondant un article de six lignes tous les trois mois.
Onitama se joue sur plateau de cinq cases sur cinq, sur lequel chaque joueur dispose de cinq pions, un pion maitre et quatre pions élèves. Il y a deux façons de gagner: la première, en prenant le pion maitre adverse, la seconde, en emmenant son pion maitre sur le point de départ du maitre adverse (symbolisé sur le plateau par une sorte de tabouret de couleur).
La plateau de jeu, en matière de tapis de souris, très agréable. |
Le jeu est également accompagné de seize cartes. Ce sont ces cartes qui permettent aux pions de se déplacer. Au début de chaque partie, il faut en prendre cinq au hasard, en distribuer deux à chaque joueurs et mettre la cinquième à droite du plateau, du côté du joueur qui va commencer (pour savoir qui va commencer, il y a dans le coin en bas à droite de chaque carte un petit symbole de couleur, bleu ou rouge, celui qui commence est celui qui a la couleur de ce symbole).
Les maitres sont les plus grands. |
A chaque tour, le joueur ne peut jouer qu'un pion en utilisant une des deux cartes devant lui, puis déplace la carte qu'il vient de jouer sur la gauche du tapis de jeu, côté lisible devant l'adversaire, puis récupère la carte à sa droite. Si, à l'issue d'une de nos mouvements, on tombe sur un pion adverse, on le mange, miam.
Les cartes de déplacement. Là par exemple, avec le Tigre, n'importe quel pion peut se déplacer d'une carte en arrière, ou sauter une case en avant. |
Et c'est là qu'est pour moi toute la puissance de ce jeu. A chaque partie, on n'aura que cinq options de déplacements, et c'est à nous de bien les gérer, car chaque carte utilisée ira à l'adversaire, donc il faut garder ça à l'esprit, ce qui veut dire faire de la rétention de carte, ou prendre le risque d'en jouer une qui pourra lui être utile. C'est un jeu qui demande un peu de planification à l'avance, mais aussi beaucoup de capacité d'adaptation.
Voilà, un début de partie se présente comme ça. |
Les parties sont courtes, quinze à vingt minutes peut-être, mais tendues, malgré des débuts de jeu un peu mous: c'est à ce moment-là qu'on apprivoise les cartes de mouvements, qu'on se demande sur quels pions se concentrer, et à quel instant on décide de mettre des petits coups de pression à l'adversaire. Mais ce n'est le temps que de quelques tours, et une fois lancé, une fois qu'on a établi un début de stratégie, c'est particulièrement addictif.
Mais comme la perfection n'est pas de ce monde, même moi, je signale quand même un léger point noir sur ce jeu autrement impeccable: les finitions. Elles ne sont pas folles. Les pions, notamment, sont en plastique moulé moche, pas assez lourds, j'aurai préféré du bois ou de la résine, par exemple, pour une meilleure prise en main, pour bien le claquer sur le plateau après un mouvement audacieux. Les illustrations du tapis de jeu, également, font bien illusion, mais si on regarde dans le détail, on se rend compte qu'elles ne sont pas folles non plus.
Mais rien de grave, car ce jeu est une petite bombe. Je lui mets la note de 5 maitres / 5 élèves.
Non attendez, c'est chelou comme notation.
Ok super la finition. |