La guerre, dans les jeux vidéo, c'est souvent cool. On y dessoude des enturbannés qui refusent la démocratie par grappes, et si un de nos alliés meurt, c'est que c'était un traitre (bon, j'exagère, puisque parfois, dans les Call of Duty, le héros ne vit pas assez longtemps pour voir les bienfaits de son sacrifice au nom de la Nation, et de temps en temps, les méchants n'ont pas de barbe mais un accent d'Europe de l'est). C'est aussi, et ça c'est valable pour les films ou les romans, un moyen pratique d'avoir un personnage torturé et avec un peu d'épaisseur à peu de frais :
"J'ai fait la guerre, Jason.
-Tais-toi Mike...
-J'y ai vu... L'HORREUR."
Mike est torturé, mais normalement il devrait trouver l'amour dans le dernier acte, ce qui devrait lui offrir la rédemption qu'il n'attendait plus que dans la mort.
Le menu principal évolue au fil du jeu. |
Sorti en juin 2012, Spec Ops : The Line est un jeu de tir à la troisième personne dans lequel on est à la tête d'une escouade de trois soldats de la Delta Force (c'est de là que vient Chuck Norris, je vous le rappelle). L'histoire, librement inspiré de la nouvelle Coeur des Ténèbres de Joseph Conrad (pas lu, mais c'est ce qui a inspiré le film Apocalypse Now), se passe dans un Dubaï ravagé par des tempêtes de sables. L'armée américaine, sentant le bon filon et espérant une ristourne sur le pétrole, y a envoyé un bataillon armé, Le 33ème (surnommé aussi Les Damnés, car ça fait carrément plus bad ass), dirigé par la charismatique colonel Konrad, pour aider les civils à évacuer la ville. Six mois plus tard, aucune nouvelle de Konrad, et c'est pour comprendre ce qui a pu se passer qu'on envoie les trois troufions de la Delta Force.
On en va pas se mentir, quand on voit les images de jeu, Spec Ops : The Line ressemble au shooter de base, poum poum, je tire, hop hop, je me mets à l'abri, pan pan t'es mort vilain barbu. Ce qu'il est, mais en partie seulement.
Je pense qu'il y a une morale à tirer de ce qui arrive à Dubaï dans ce jeu. |
Car le jeu réussit à tirer son épingle avec une direction artistique marquante et cohérente, qui pallie à une technique parfois un peu défaillante, et surtout grâce à une histoire réellement bonne. Déjà, installer le lieu de l'action à Dubaï, symbole de richesse et de vanité par excellence, pour le détruire et le dépouiller de toute humanité, et remplacer cette dernière par une folie malsaine typiquement post apocalyptique (ambiance Mad Max JE SUIS L'AIGLE DE LA ROUTE!), je trouve que c'est osé. Et inédit. Je n'ai jamais vu ça avant, si bien que les premières impressions un peu tièdes manettes en main laissent place à une curiosité qui pousse le jouer à aller de l'avant, fasciné par la décrépitude de la ville.
Comme il n'y a plus d'électricité, les gens s'éclairent à la bougie. Ah oui, ce sont des légendes de qualité supérieures pour cette critique. |
Et plus on avance, plus l'histoire se déroule et se révèle réellement fine. Certains passages, sur fond de musique rock des années 70, sont simplement hallucinants (c'est dans ces moments que le jeu se rapproche le plus d'Apocalypse Now), quand on voit des soldats et des civils perdre tout sens commun, faire n'importe quoi et y prendre plaisir. Une histoire fine je disais, particulièrement dans son traitement du conflit armé. Bien sûr, la guerre c'est moche, on le sait, mais là les frontières sont assez floues, les enjeux dépassent clairement les protagonistes qui deviennent un peu plus paumés à chaque avancée vers leur objectif, on ne sait plus trop qui sont réellement les méchants et les gentils (et si même il y en a finalement, pour peu que cette notion se révèle pertinente), et, c'est très fort je trouve, on arrive à comprendre comment certains personnages en arrivent à faire ce qu'ils font, aussi horribles soient leurs actions ; il y a une réelle empathie pour eux.
La guerre c'est moche. |
Mais parfois la guerre revêt ses plus beaux atours et sait se faire plus chatte. |
Non en fait c'est moche la guerre. |
Je pense sincèrement que ce jeu rate le statut de classique instantané de peu. A cause d'une technique pas terrible (textures qui popent au dernier moment, synchronisation labiale parfois absente), d'une maniabilité un peu imparfaite (le jeu reprend quasiment tout le système de Gears Of War mais en moins bien) et d'un personnage principal au design incertain (il ressemble à Jean-Claude Van Damme à qui on aurait pressé la tête dans un étau). La forme est trop générique pour le fond finalement, même si, encore une fois, la direction artistique, la bande originale et l'histoire rattrapent ces errements. Il y a aussi de bonnes idées de gameplay (le peu de munitions du jeu qui force le joueur à changer souvent d'armes pour espérer survivre), mais pas forcément bien exécutées (pas mal d'éléments du décor sont destructibles, comme des parois de verre qui retiennent du sable qui peu se déverser sur les ennemis, mais finalement c'est plus un gimmick qu'un réel élément de jeu). La VF est de bonne qualité, il est bon de le souligner, et l'intelligence artificielle de nos camarades de jeu est bonne, ils sont utiles et appliquent les ordres basiques qu'on leur donne, ce qui est toujours agréable. Sinon il y a un mode compétitif en ligne, mais je n'en vois tellement pas l'intérêt que je n'y ai pas joué.
Ce jeu m'a appris plein de choses sur le phosphore blanc. Et ben je vous le dis, c'est pas joli joli. |
Spec Ops : The Line est souvent soldé à pas cher sur pc, et se trouve facilement d'occasion sur consoles, si on est pas allergique au genre, ce serait dommage de passer à côté.
Ca s'apparente à Ghost Recon, future soldier? Parce que je n'ai pas aimé ce jeu (oui, malgré la caution "Tom Clancy's" . Je me méfie de ces noms qu'on colle comme un gage de qualité).
RépondreSupprimerJ'avais trouvé ça lourdingue à gérer ( alors que G.O.W. était d'une immédiateté enthousiasmante).