samedi 14 août 2021

viva la revolution

Il est de bon ton, pour les gros studios de jeux vidéo, de dire face caméra que les jeux vidéo ne sont pas politiques, afin de ne pas froisser une frange minoritaire, mais bruyante, de joueurs fragiles qui se sentent menacés dès qu'une femme de couleur apparait à l'écran. 

C'est bien évidemment faux, le jeu vidéo, comme le cinéma, comme tout, à vrai dire, est politique*.

Et en ces temps troubles où la France entière a battu le pavé pour manifester contre une chose ou pour une autre, mais jamais en même temps, c'est dommage, et ces derniers temps les fascistes sont un peu trop détendus et passent leurs samedis à gueuler des slogans confus ; en cette période sombre, disais-je, qui voit le retour de vieilles glorioles rances de la chanson française sur le devant de la scène, main dans la main avec des humoristes d'un autre temps, tenir des tribunes devant une foule exaltée de vieux égoïstes qui ne supportent pas la moindre contrariété ; en ce quinquennat de merde, nous pouvons le dire, n'est-il pas de meilleur refuge que le jeu vidéo ?

Si, sûrement, ça dépend des goûts hein, fallait juste que je finisse ma phrase pour que ce soit raccord avec ce qui va suivre.

C'est pour ça, lecteur mon ami**, que je te propose aujourd'hui une sélection de jeux pour te détendre, mais également pour entretenir la fibre révolutionnaire dont chaque français est tissé, tous unis dans la détestation d'Emmanuel Macron.

On commence avec Democratic Socialism Simulator, où tout est dans le titre.


Ah j'imagine très bien oui.

On est le président des Etats-Unis fraichement élu, et on doit prendre tout un tas de décisions en fonction de ce que nous proposent nos conseillers, les syndicats et les lobbies, en glissant notre décision à droite ou à gauche. Il y a quelques graphiques et jauges pour symboliser le congrès, la pollution, les finances et le pouvoir du peuple, et nos choix (forcément très binaires) vont influencer ces jauges.C'est un jeu divertissant, qui propose des parties courtes (et c'est tant mieux car la musique est une version chelouche de L'Internationale qui peut vite porter sur les nerfs - mais ça se coupe, ne vous inquiétez pas), et sous ses dehors très manichéens, pose parfois de bonnes questions. Je me demande juste si il y a une façon de gagner : toutes mes parties se sont soldées par les militaires qui me destituent. 

 

On continue avec Lacrymo Tennis 2016, qui a pour descriptif :"no one does bourgeois revolution quite like the French."



Je laisse le carton de fin qui explique vite fait comment le jeu a été fait.

Jeu fait en game jam, très court, dont le principe est très simple : en tant que tennisman, il faut renvoyer les bombes lacrymogènes loin du cortège de la manif, avant que nos poumons ne crament. Il suffit juste de déplacer le tennisman avec la souris, son bras mouline tout seul, et c'est tout. C'est parfaitement idiot, les pancartes des manifestants sont marrantes, j'aime donc ce jeu.

 

Autre ambiance avec Riot : Civil Unrest.

Dans ce jeu, nous sommes une foule de manifestants, et généralement, le but est de tenir la position face aux forces de l'ordre. J'ai un peu de mal avec celui-là, et je pense que c'est dû au fait que les développeurs s'inspirent de vrais évènements, et bien que je ne doute pas de leur sincérité (il y a toujours un petit historique derrière chaque manifestation), on sait que certains de ces rassemblements ont mené à de véritables révolutions et ont été violemment réprimés, ce qui me plonge dans un gros malaise. C'est peut-être voulu après, dans ce cas c'est réussi. Bon en plus au niveau du gameplay, c'est pas foufou : c'est laborieux, pas très clair, j'ai passé mon temps à cliquer sur des trucs en attendant que le décompte se termine en angoissant à chaque charge de flics. Hé, comme une vraie manif !


On termine sur une note plus légère avec Tonight We Riot !





Je m'excuse d'avance, j'ai un peu foiré les captures d'écran sur celui-là. 

J'aime beaucoup ce jeu, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère, puisqu'il te propose de démonter le capitalisme à coups de poings dans la gueule et de parpaings dans les pare-brises. Tonight we riot est un brawler, ce qu'on appelait avant un beat'em up, ou peut-être qu'on dit toujours ça, je ne sais pas, je ne suis pas dans le coup, au pixel art sympa (bien qu'un peu terne et générique) et à la bande originale catchy (de la synthwave), dans lequel on incarne un travailleur qui va libérer des employés de leurs entreprises pour venir grossir les rangs de la révolution. Si votre personnage tombe, il sera immédiatement remplacé par un camarade de lutte. Si à la fin, vous n'avez plus de collègues autour de vous, c'est perdu. Après, je le disais, ce jeu ne brille pas par une esthétique folle et ne réinvente rien, il pioche à droite à gauche les trucs qui marchent, et il lui manque un petit quelque chose pour être vraiment inoubliable. Il reste néanmoins très divertissant et propose un challenge honnête (du moins au début, je n'ai joué que quelques heures) : le capitalisme ne se renverse pas comme ça.


Voilà ! J'espère que ça vous a plu, et n'oubliez pas : aller à une manifestation proposée par Florian Philippot, c'est pas bien, aller à une manifestation de la police, non plus. Prenez soin de vous.


*Et je pense que le jeu vidéo, comme le cinéma, comme tout, à vrai dire, est globalement de droite. J'espère que vous appréciez comme je ne me mouille pas trop en balançant ça en fin d'article sans même développer l'idée et sans trop l'assumer, comme le suppose ce "globalement" posé là pour ne pas froisser des gens qui pourraient se sentir offensés.

**Le singulier est volontaire, j'ai les statistiques.