dimanche 26 octobre 2014

Speedrunners (pc)

Bien que portant un intérêt très limité à l'industrie automobile, et ce depuis tout petit, j'ai toujours adoré la gamme de jouets Micro Machines. Comme tout enfant, j'ai eu ma période où tout ce qui était miniaturisé me fascinait, et Micro Machines, c'était vraiment le haut du panier à ce niveau-là : c'était petit, détaillé, varié, et résistant. Ca n'existe plus maintenant, alors que quand j'étais enfant, il y en avait des linéaires entiers de plusieurs mètres dans le moindre supermarché (les autres étagères étaient dédiées aux Tortues Ninja), c'est bien dommage.

Micro Machines, c'était aussi des jeux vidéo terribles, des courses vues de dessus à l'échelle des véhicules, qui proposaient une idée géniale sur consoles portables : le multijoueur à deux en simultanée sur la même console. Chaque joueur tenait un bout de la machine, et on ne pouvait que tourner à gauche ou à droite, les véhicules avançaient tout seul. C'était assez dur, mais indéniablement fun, le but étant d'aller plus vite que son concurrent pour qu'il ne soit plus sur l'écran, la difficulté étant que du coup, le joueur en tête ne voit pas ce qui lui arrive et peut se prendre un truc en pleine face, ce qui laisse le temps à l'autre joueur de le rattraper. Avec un joueur d'un niveau équivalent, ça donnait des parties très serrées, avec ce qu'il faut de mauvaise foi et de coup de putes à base de "je t'arrache la console des mains et tu vas perdre connasse" (je jouais avec ma soeur sur Game Gear).

Bon, et bien, Speedrunners, c'est un peu ça. Un jeu de course où le but est de distancer ses adversaires jusqu'à ce qu'ils quittent l'écran, mais c'est en deux dimensions, en vue de profil, et on incarne des mecs à pied. Donc c'est plus vraiment ça en fait.

Bon, vous ne me verrez pas souvent en jeu sur les screenshots. C'est plus facile d'en prendre quand on ne joue pas, et comme je suis un peu nul, j'ai tout mon temps pour prendre de jolis screen. Bon, comme vous le voyez, même pour prendre des captures d'écrans, je ne suis pas doué.

Ajoutez à ça quelques bonus (roquette, grosse boule de feu qui roule, grappin qui chope le premier pour intervertir vos places, onde de choc...) et l'idée de gameplay toute bête qui rend le jeu tout de suite meilleur, un grappin pour s'accrocher à certains plafonds (ceux qui sont blancs, comme sur l'image en haut). Dans ce jeu, la maitrise du grappin, bien plus qu'une connaissance des niveaux, c'est la victoire assurée. Ca fait aller plus vite, ça évite de sauter pour éviter ces saloperies de piques (qui ralentissent énormément) ou de caisses (qui font trébucher le personnage) et ça permet d'atteindre des raccourcis, et rien que ça, ça suffit à faire la différence.

Parfois au début d'une course il y a la roulette des bonus aléatoires. Ca change un peu la donne, mais pas tant que ça.

Quand la course dure un peu trop, ou dès la première élimination, les bords de l'écran rétrécissent, réduisant la visibilité pour le joueur de tête et mettant une grosse pression pour le joueur derrière. C'est une excellente idée, ça dynamise le jeu et donne des parties rapides, car il n'est pas rare de voir deux joueurs de niveau équivalent se tirer la bourre ; si ils sont bons, c'est agréable à regarder, si ce sont des quiches, ça peut devenir vite pénible.

Ouais, ce mec joue avec la chèvre de Goat Simulator. Je ne sais pas comment il a fait, elle n'est pas dans les personnages jouables.

Il suffit de trois victoires pour remporter une partie. Le jeu propose un système de matchmaking pour le jeu en ligne qui n'est pas très clair. Chaque partie nous fait gagner des points, qui vont déterminer dans quelle ligue on va jouer, mais honnêtement, je n'ai pas compris comment ni on gagnait ces points ni combien on en gagnait, ni si ce système de ligue est efficace : je suis souvent tombé sur des brutasses qui ont mis des fessées à tout le monde. Reste que la communauté est plutôt sympa et fair-play. Il n'est pas rare de voir des joueurs en tête attendre que les autres le rattrapent, histoire de faire durer le plaisir, ou de laisser des petits commentaires sympas quand ils ont perdu. Après, j'ai peut être eu de la chance, je ne sais pas.

Ah, là l'écran rétrécit, et il va devenir très vite de plus en plus petit. Ne me cherchez pas, j'ai perdu depuis longtemps. Mais la chèvre va perdre aussi (j'ai joué un moment contre elle, c'était très perturbant, car elle n'a pas d'animation en fait).

Quant au jeu en ligne avec ses potes, je ne sais pas si c'est possible. Hors ligne, y a pas de problèmes, à quatre c'est excellent, les insultes fusent dès la première manche (j'ai une règle : on mesure la qualité d'un jeu multijoueur à la hauteur de ses insultes), à condition d'avoir un écran assez grand, quatre manettes, et, surtout, quatre potes. J'ai pu y jouer à quatre chez Kamel e-Poulain, et lui il a tout compris : il offre des bières de qualité à ceux qui viennent chez lui, et des bières encore meilleures pour les vainqueurs. Ces soirées jeux vidéo affichent complet.

Le jeu propose également un mode solo pas très folichon, mais qui permet de se familiariser avec le gameplay et le grappin notamment (ai-je dit que c'était important le grappin?), et offre un challenge pas trop dégueu dans les derniers niveaux. Mais bon, on s'en fout, c'est en multi que ça se joue.

Y a une histoire pour le mode solo, racontée en bd, mais c'est pas très réussi.
Alors tout n'est pas parfait. Je trouve la direction artistique bien cheap, avec des personnages assez inégaux et des circuits tristounets graphiquement (tristounets, mais bien foutus, même si il arrive de se planter et de foirer son raccourci parce que le level design est parfois confus). Il y a également peu de niveaux et peu de persos (depuis peu ils proposent d'incarner des youtubers connus contre de l'argent. Je ne vois pas l'intérêt, mais une partie des gains va à la lutte contre le cancer, donc j'imagine que c'est pour une bonne cause). La musique est immonde aussi, on se croirait dans l'émission Menu W9.

Mais gardons à l'esprit que le jeu est en early access, que c'est actuellement une bêta, et que c'est déjà très divertissant en l'état, donc j'ai hâte de voir le résultat final.

samedi 18 octobre 2014

Bastion (disponible sur TOUTES les plateformes, sauf celles de Sony)

Sans qu'il y ait de raisons particulières à ça, j'aime bien le mot "bastion". Sa sonorité, ce qu'il m'évoque. D'ailleurs, le rappeur de la rue n'a-t'il pas scandé un jour : "Si tu viens dans mon bastion / Il y aura de la baston / Le perdant se fait péter le fion"?

Bien sûr que non.

L'été est une période où il ne se passe pas grand-chose, et qu'à titre personnel je n'aime pas tellement. Il fait chaud et ma peau de blond vaguement rouquemoute s'accommode mal du soleil. En plus y a pas grand chose au ciné, à part un ou deux blockbusters, et les jeux vidéo qui sortent au mois de juin sont au mieux sympathiques, mais surtout finis à la mi-juillet. Alors certes, c'est une excellente occasion d'explorer plus en avant ou d'achever certains titres commencés plus tôt dans l'année, mais parfois ça ne suffit pas, on veut de l'inédit, de l'aventure et de la découverte. Le monde du jeu vidéo est une grosse biatch avide où une nouveauté chasse l'autre (et maintenant que je le réalise, un peu comme le monde de la littérature, de la musique ou du cinéma finalement).

(Je réalise aussi que ce blog parle assez peu de jeux récents, donc vous pouvez tenir compte du paragraphe précédent, ou l'oublier rapidement et continuer la lecture tranquillou)

Puis par un bel été de 2008, Jean-Michel Microsoft a dégainé le Summer of Arcade. Le Summer of Arcade, c'était une sélection de cinq jeux plus ou moins indépendants, qui sortaient au milieu de l'été, à raison d'un par semaine. Finis, les après-midi passés à courir la gueuze ou à cramer sur la plage. A partir de ce moment là, l'été allait se passer devant sa télé, une manette à la main, car le Summer of Arcade, c'était pas du foutage de gueule les poulets. C'est une opération qui s'est répétée chaque été jusqu'à s'arrêter sans raison après la session 2013 (qui ne comptait que quatre jeux. Hasard? Coïncidence? Rien à voir?), et vous pouviez être sûr d'y trouver au moins une petite bombe. Braid? Castle Crashers? Trials HD? Limbo? Hybrid? Tous viennent du Summer of Arcade, et il n'y a que moi qui ai aimé le dernier titre cité, car je n'étais pas trop mauvais. Je vais même dire que j'étais plutôt bon, et plutôt du genre à être le mec qui faisait gagner mon équipe. 

La plupart du temps.

Ce dont tout le monde se fout.

Bref, Bastion est sorti lors du Summer of Arcade de 2011, qui fut un bon cru. Mais Bastion c'est quoi? Parce que je papote, raconte des trucs du passé oublié, me la raconte sur des titres dont tout le monde se fout, fais des rimes improbables, mais je ne parle pas du jeu. Serait-ce parce que je n'ai pas grand chose à en dire? Ah ah ah, mais non voyons, hé hé... Hum.

BASTION!



Bastion est un jeu que ses développeurs, Supergiant Games, dont c'est le premier jeu, rangent dans la catégorie action-rpg. Je ne vais pas les contredire, ils savent très bien ce qu'ils font. On combat donc des méchants, pif! paf! on se fait de l'expérience, on gagne des niveaux qui nous permettent d'utiliser certaines compétences, on trouve des nouvelles armes, on attaque de nouveaux méchants, l'action-rpg quoi.

Mais là où ils sont forts chez Supergiant Games, c'est dans la direction artistique et la façon de raconter leur histoire. Le jeu est magnifique, très coloré, accompagné par une bande originale du tonnerre, qui donne au jeu une ambiance western post apo étonnante, avec en prime un narrateur qui commente tout ce que fait le joueur (qu'il appelle le Kid. Oh purée, j'ai toujours voulu qu'on m'appelle le Kid).

Le décor apparaît au fur et à mesure que l'on avance, des parties descendent du ciel où montent des abysses pour se greffer à la route principale. Une très bonne idée, et bien exécutée.

Et voilà le gros point fort du jeu : le narrateur. Logan Cunningham est l'acteur qui prête sa voix, et le mec a une diction de cowboy BG qui colle parfaitement au sujet. Il nous accompagne tout au long de l'aventure, et les rares moments où il parle pas, on regrette presque son silence. Quand on se vautre lamentablement, il y va de son petit commentaire, quand on ne fait rien aussi, c'est assez interactif et dans l'ensemble on ne voit pas trop les scripts qui vont déclencher le moment où il prend la parole.

C'est une façon originale de développer l'histoire, et on y prend vite goût : on avance pour savoir ce qu'il va nous dire sur tel ennemi, ou tel lieu, ou encore si il va nous faire une révélation fracassante sur l'histoire. Histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard, certes, mais qui reste sympathique, et bien plus mélancolique que les images colorées ne le laissent supposer au premier abord.

Le Bastion, sorte de hub où l'on revient entre chaque zone. On débloque au fur et à mesure les bâtiments sur les côtés.

Enfin tout ça c'est si vous êtes bon en anglais. Pas de VF pour ce jeu, seulement des sous-titres, et parfois, dans le feu de l'action, on se concentre plus sur ce qu'il se passe à l'écran que ce qu'il s'y dit. Rien de rédhibitoire, mais il n'est pas rare de rater une information importante lors d'un moment un peu tendu dans le jeu. Ces moments restent rares, car le jeu est assez facile et pas très punitif. Ce qui n'est pas grave, ce n'est pas un jeu qui se joue pour le challenge, mais pour l'aventure et le plaisir de la découverte. 

Le but du jeu est de ramasser des morceaux de trucs pour réparer le Bastion. Là, c'est la pierre rose en bas à gauche.

On en voit la fin au bout d'une huitaine d'heure très agréable. Le jeu n'est pas exempt de défauts : le bestiaire n'est pas très développé, la maniabilité, notamment, est un peu lourde et peut surprendre au départ, et il est aussi un peu pénible de devoir équiper obligatoirement une nouvelle arme toute naze à la place de notre pétoire de malade suréquipée quand on en ramasse une (en plus il n'y a que deux slots disponibles, et on ne peut pas changer d'arme à la volée, il faut aller dans une boutique spéciale pour ça, du coup il n'est pas rare de se retrouver avec deux armes de jets par exemple).

Ouais, j'ai expliqué tout le gameplay dans les légendes des screenshots. C'est ça The Great Mustache, un blog où il est important de lire les légendes des screenshots.

Mais rien de nuisible au point de m'empêcher de reprendre une partie en New Game +.

dimanche 5 octobre 2014

Jazzpunk (pc)

Ce midi, une nouvelle collègue m'a dit que j'étais un rigolo. Comment lui donner tort? On ne va pas se voiler la face, je ne vais pas jouer la fausse modestie,  je suis un véritable boute-en-train qui a toujours un bon mot pour détendre l'atmosphère et instiller une ambiance détendue de franche camaraderie dans le monde austère et très codifié du travail. Mais attention, je sais rester professionnel et je connais mes limites. On rigole de temps en temps au boulot, mais quand faut y aller, faut y aller. Ce qui fait de moi un collègue respecté de ses pairs et apprécié de sa hiérarchie, avec qui je n'hésite pas de temps à autre à échanger un bon mot ou une anecdote croustillante.

Donc on peut dire que la rigolade, c'est comme Omar Sharif et le tiercé avec Bilto Magazine : c'est mon dada (et avec cette référence bien pourrave, je viens de dévoiler mon âge à mon lectorat médusé).

Alors quand j'ai entendu parler de Jazzpunk et de son humour OLOL WTF, il fallait absolument que je mette la main dessus. Car autant on parle beaucoup d'Emotion (oui, je mets une majuscule à émotion, mais c'est David Cage qui le prononce comme ça) dans le jeu vidéo, autant on ne parle pas beaucoup d'humour. C'est dommage, parce que c'est pourtant drôle l'humour, ça fait rigoler, et en ces temps sombres où les actualités économiques, politiques et militaires plombent un peu le moral de ce peuple fier et farouche que sont les français, ça ne ferait pas de mal. Hein, une petite blagounette par-ci par-là, hop, tire sur mon doigt, prout, ah ah ah tout de suite ça va mieux.

Il y a eu des jeux drôles, notamment une grosse tripotée d'excellents jeux d'aventures de chez Lucasarts (ou Sierra, j'ai passé de bons moments sur Leisure Suit Larry 7), mais le genre "comique" a été assez peu représenté en dehors des point and click.Mais depuis quelques années, certains s'y mettent. Portal 2 (un de mes jeux préférés) est réellement drôle, alors qu'on ne l'attendait pas spécialement sur ce créneau, et The Stanley Parable propose des passages hilarants (bon, il y en a qui sont très tristes aussi).

Je pense que c'est parce que c'est très dur de faire quelque chose d'universellement marrant, et que les éditeurs de jeux doivent faire de l'argent, et rater un public à cause d'un humour de merde est une trop grosse prise de risque pour la plupart d'entre eux. Par exemple, en France on aime bien les blagues sur les belges. Eh bien croyez-le ou non, mais en Belgique, une blague belge les fera relativement peu rigoler. Anne Roumanoff me laisse de marbre (son humour du moins, parce que son physique m'émoustille carrément), alors que ses livres et ses spectacles marchent très bien. Un de mes collègues (oui, on parle beaucoup boulot dans cet article, j'en suis désolé, je sais bien que vous lisez ce blog pour vous détendre, vous évader et oublier un court instant votre quotidien morose, pas pour vous rappeler la trivialité de votre existence passée à travailler pour subvenir aux besoins d'enfants ingrats ou payer vos impôts, mais je dois raconter cette anecdote) dit souvent en partant, tout sourire : "Comme on dit, à demain à deux pieds!" (VERIDIQUE). Il se trouve très drôle et spirituel (il est célibataire, si ça intéresse quelqu'un).

Tout est donc question de point de vue. Et pour revenir à Jazzpunk, toutes les critiques que j'ai lues mettent en avant la qualité de son humour, tout en admettant que ça reste assez concon dans l'ensemble. J'étais à peu prêt sûr que ça allait me plaire, d'autant plus qu'esthétiquement, je trouvais ça pas mal sur les screenshots.

Ceci est l'histoire d'une terrible désillusion. (attention, cet article risque de contenir des spoilers)

Pourtant, dès le générique, j'étais dedans : ambiance "Arrête-moi si tu peux" très 50s, musique sympa, c'est clairement le point fort du titre... (oui vous ne rêvez pas : le point fort de ce jeu est son générique). Puis il commence (j'ai mis les graphismes en Fantastic! dans les options, mais ça ne change pas grand chose).

C'est triste.

On avance dans ce couloir terne jusqu'à la seule ouverture disponible sur la droite (grosse leçon de game design), ou un robot secrétaire nous demande de nous asseoir et de feuilleter les magazines installés à côté du fauteuil. Comme on n'a pas trop le choix, on fait les deux, et là le jeu nous montre que c'est un comique avec ses magazines de déglingos.

Reader's Digestive Organs, au lieu de Reader's Digest, oh oh oh, fameux!

 
Playbot au lieu de Playboy, parce qu'il n'y a que des robots dans ce jeu, ah ah ah, subtil!

C'est typiquement le genre de choses qui m'auraient fait sourire si je les avais découvertes par moi-même. Mais là, comme le jeu me les met sous le nez en disant "RIGOLE C'EST MARRANT", ça me consterne plutôt qu'autre chose. On est obligé de regarder les cinq couvertures des magazines pour pouvoir passer à autre chose, c'est un passage obligatoire, t'as pas le choix, tu mates, tu rigoles, et tu te prépares à encore plus de lol parce que tu vas en avoir, tu le sais.

Une fois cette première action hautement interactive effectuée, la secrétaire robot nous dit qu'on peut entrer dans le bureau, où nous attend notre chef. Ce dernier nous refile des missions qu'on ne comprend généralement pas. Son bureau fait office de hub dans lequel on revient toujours et, pour se rendre au lieu où il nous envoie, il nous fait pendre une pilule spéciale qui a un nom de merde genre "missionyl". Après avoir avalé un cachet, on se téléporte à la zone de mission. Paresse des développeurs ? Bien sûr que non! C'est de l'humour! Du misionyl, ah ah, c'est excellent! C'est le mot mission, sur lequel on a rajouté le suffixe "yl" pour faire médicament, c'est comique.

Le bureau du chef. Dans un coin, sous le meuble, il y a un chewing gum qu'on peut ramasser. Ca ne sert à rien, mais c'est une des deux interactions disponibles dans cette pièce.
Donc pouf, on se trouve dans un nouvel endroit, avec une mission à accomplir. On peut s'y atteler directement ou se promener un peu, si on a que ça à faire, ou si on a trop de temps libre, ou si on ne veut pas finir le jeu en quinze minutes... 

Le jeu fait une utilisation plutôt sympa des indications à l'écran, je lui reconnais ça.

C'est là qu'on touche à un autre problème du jeu : il ne nous propose rien d'autre que ce qu'il a prévu de nous montrer. Lors de la première mission on peut aller dans un cinéma : des pnj font la queue, si on les pousse ils tombent comme des dominos, et là on peut entrer dans la salle. Ce n'est pas très drôle mais bon. Une fois dans la salle, tout ce qu'il y a à faire, c'est fumer un cigare, ce qui fait râler les autres spectateurs, et une fois le cigare achevé, on leur balance du pop-corn. Alors ce qu'il y a à l'écran est drôle (une vieille pub sur un jouet improbable), mais ça passe en boucle. Mais surtout : en quoi est-ce ludique de balancer du pop-corn?

Et si je balançais du caca? C'est drôle le caca! Ah non, ça a déjà été fait dans Duke Nukem Forever.
En sortant du cinoche on croise une grenouille qui va nous demander de l'aide pour traverser la route, alors le jeu prend des allures de Frogger, mais en moins jouable, et à chaque fois qu'on se rate la grenouille est un peu plus blessée (nul), on peut aussi tomber sur un carton à pizza qui nous transporte dans un monde étrange dans lequel on découpe des bonhommes en bout de pain avec une scie à découper les pizzas, pour arriver dans une cabane et vivre une scène qui reprend un passage d'Evil Dead 2 (pourquoi? Quel rapport avec la pizza? Quel rapport avec le jeu?)

Voilà, la cabane dans le monde de la pizza. La lune est un champignon, oui.
Tout au long de cette courte aventure, le jeu va nous faire de l'humour absurde. Je n'ai rien contre l'humour absurde, j'aime beaucoup les productions ZAZ, mais cette forme d'humour ne fonctionne que par opposition à une certaine normalité, soit celle du spectateur qui ne vit rien d'extraordinaire au quotidien. Dans Jazzpunk, on est à la base dans un univers complètement pété, on a aucun point de repère par rapport à une quelconque normalité puisque le jeu n'en propose pas et qu'on ne peut pas la mettre en relation avec la notre (jusqu'à preuve du contraire, je ne suis pas entouré de robots humanoïdes). Donc de mon point de vue, tout cet humour lourdingue à base de bruitages grossiers et d'incohérences volontaires débiles tombe à plat.

Oui, c'est bien Hunter Thompson interprété par Johnny Depp dans Las Vegas Parano. Qu'est ce qu'il fout là ? Mais c'est hommage à haute teneur humoristique voyons. Il n'a rien à faire là donc c'est drôle.

Mais le pire reste ces références sorties de nulle part qui caressent le trentenaire dans le sens du poil. Je parlais d'Evil Dead 2, mais il y en a plein. Il n'y a que ça en fait. A un moment, on se retrouve avec un détecteur de métal sur une plage, et la c'est le festival du n'importe quoi, puisqu'on va déterrer une console Panasonic, un cd d'installation internet genre AOL ("ah ah, c'est si subtil, les jeunes joueurs ne connaissent pas ça, ils n'ont vécu qu'avec l'adsl ces ignorants, mwah ah ah, ils ne peuvent donc pas goûter au raffinement de ce gag"), un trésor avec une musique dégueulasse façon jeu craqué sur amiga... On croise une tortue, et quand on clique dessus ça lui balance une pizza et des armes en gueulant COWABUNGA, pourquoi? Pourquoi? POURQUOI? Ca n'a pas de sens! Enfiler les clins d'oeil et les références poussives hors contexte n'est pas drôle! Et encore, je ne vous dis pas tout, ce serait trop long.

Une quille se cache dans cette image.

Et c'est dommage, parce qu'une histoire se dessine au cours de ces missions stupides, qu'elle pourrait être pas mal et, par moment, l'ambiance n'est pas mauvaise. Les parodies de jeu auraient pu être chouette, si elles avaient bien été exécutées et bien amenées ("Wedding Quake" par exemple), mais finalement elles sont justes pénibles à jouer. 

Wedding Quake : là je suis mort, c'est bête, je venais juste d'avoir la gatling gâteau, que je vais appeler gateauling.

Restent quelques séquences esthétiquement réussies vers la fin, mais encore une fois à l'aspect ludique très limité ainsi que quelques gags réussis malgré tout.

J'aime bien ce passage, même si je n'ai rien compris.
Mon gag préféré. Ouais, je l'ai carrément spoilé, mais en même temps, vous ne l'auriez jamais vu car vous n'achèterez pas ce jeu.
Même si il m'arrive parfois de passer à côté de jeux que tout le monde trouve géniaux, j'admets que Jazzpunk m'a vraiment laissé perplexe. Il est très court (moins de deux heures) mais m'a paru très long à faire, pénible à finir, alors que dans l'ensemble les critiques sont bonnes (75% sur metacritic, je sais qu'on ne peut pas se baser uniquement là-dessus, mais quand même quoi...). J'ai même regardé des vidéos commentées par des mecs qui se marraient franchement à des trucs que j'ai trouvé navrant. 

En fait, je ne comprends pas que l'on trouve ce jeu bien. C'est un cliché de jeu indé qui se la joue cool et décontracté avec ses références branchées années 80, mais d'un point de vue ludique c'est très limité et très pauvre (je sais que ça n'a rien à voir, mais Gone Home n'utilise que les deux boutons de la souris et c'est infiniment plus profond en termes de gameplay), et surtout, au cas où vous ne l'auriez pas compris, ce n'est pas drôle.

Le moins drôle étant bien évidemment le fait que j'ai payé ce jeu.